Bonsoir rares (et donc meilleurs!) visiteurs?
Comment allez-vous depuis ? Quelques rides en plus ? Êtes-vous plus amers ? Avez-vous entrepris d'enfin perdre ces quelques kilos en trop et de passer moins de temps sur Facebook ?

Je ne sais pas trop pourquoi je reviens ici. J'avais envie d'écrire. 
Et d'être un peu plus honnête avec vous et, par extension, avec moi-même aussi,  je suppose ?
Je m'appelle Emmanuelle.
Mon entourage me surnomme Emma.
J'habite actuellement à Mexico, la quatrième plus grande ville du monde. Oui, c'est cela. Oui, celle avec les mariachi, le chupacabra, les sombrero, Frida Kalho. Oui, vous y êtes.

Je suis fascinée par l'anticonformisme, je suis conformiste. Je me dirige lentement mais sûrement vers une vie de fonctionnaire, ou pire, de pourrie. En somme, je compte faire une prépa ou alors science po.


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Ca c'est ma tête actuelle. Remarquez que j'ai arrêté de faire la kikoulol. J'ai pris de l'assurance et de la bouteille.
Et surtout ne me dites pas que cette photo ne vous intéressait pas. Vous autres, là, bande de voyeurs, adorez mettre des visages sur des mots. 
Je suis à vous. (Quelle importance je me donne, n'est-ce pas ? Quelle ironie quand on sait que vous devez être trois à lire ce blog...)

J'ai grandi (comme dirait ce bon vieux Jordy qui était dans mon collège de France (oui je suis sérieuse)).
J'ai appris, et je crois qu'on n'apprend jamais tout à fait, à quel point la vie est une pute. Et nous sommes tous des putes, au passage. 
Ah ! De quoi je me plains ? C'est vrai, j'habite au Mexique, je vais dans un lycée à plus de 4000balles l'année, j'habite dans un 200m carré.
C'est vrai. De quoi je me plains ?
De rien.

Vous savez, ce qui me déprime le plus actuellement, c'est de devoir revenir en France. Dans 10 mois. Je les comptes ces mois. Je les savoure aussi, comme si c'étaient les dernières secondes de souffle avant de plonger en apnée. 
Je respire quand je suis à l'étranger.
J'étouffe quand je reviens en France.
La France elle pue, c'est une salope. Une garce imbue d'elle-même. Une saleté qui se moque des mal lavés.
Mais elle est belle la France aussi. La France chimérique. Vous savez, celle qui clame liberté égalité fraternité. La belle France de De Gaulle.


Pourquoi tu restes pas à l'étranger alors ? Et puis t'es française aussi, oublie pas ? Retourne dans ton pays alors !

Mon pays ? J'adore quand on me fait cette remarque "Retourne dans ton pays". Parce que je suis aussi brésilienne c'est cela ? En quoi le Brésil serait plus MON pays que la France, que la Roumanie, que la Grèce ou plus actuellement que le Mexique ?
Je suis un enfant du monde.
Un franco mexicain de mon lycée, en plein trouble de la personnalité, m'a également fait part de son malaise. C'était émouvant. J'ai pas osé lui dire mais bon dieu, nous sommes des frères du monde.
Il possède un physique particulier. Vous savez, ceux qui sont un cocktail étrange dont on ne sait dire d'où ils viennent.
Un blond vénitien, avec une peau dorée, des yeux noirs, assez petit en taille mais bien fait.

Il y a, je crois, deux types d'enfants d'expatriés. Ceux qui vivent dans le pays, et ceux qui vivent dans une bulle à l'intérieur du pays. Une bulle française, qui pue le soufre.

Si vous saviez ce que j'ai pu entendre et voir en Roumanie, vous auriez à peu près (du moins j'espère pour votre santé mentale, à moins que vous fassiez partie de la même merde) le même dégoût que moi. Et encore je suis gentille.

On m'a raconté les "véritables" raisons du génocide des aztèques au Mexique. C'était troublant.
Ils vénéraient un dieu soleil (excusez-moi si je gagatise un peu la chose mais ce serait trop long à écrire), et attendaient avec impatiente sa venue. Au loin. Un beau jour, des blancs, poilus barbus et blancs, sont venus de nulle part, surgissant de la mer, avec le soleil brûlant derrière leur dos. Les aztèques ont cru que c'était les dieux qu'ils attendaient depuis si longtemps. Ils leur ont offert de l'or à foison, et c'est en les massacrant qu'on les a remercié. 

Quelle belle histoire. Surtout quand on sait d'où je viens. Quel drôle de mélange n'est-ce pas ? Un blanc de chez blanc, un bon vieux normand (en d'autres termes mon père) et une bien matte de chez matte, les cheveux dorés et les dents blanches (ici ma mère). Shake shake shake. Ca donne moi.


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J'ai compris qu'il y a certaines choses qu'on ne peut comprendre. Dont on ne peut avoir la prétention de comprendre. On peut imaginer. On peut se le dessiner, mais point comprendre.
Je suis fatiguée d'écrire. Je suis fatiguée. Parfois j'aimerais tant tout envoyer tout en l'air. Prendre une caravane et faire le tour de l'Amérique du sud en criant "FLOWER POWER". Parfois j'aimerais gagner énormément d'argent, prendre un air dédaigneux, montrer ma grosse bagnole et ma villa et vous dire "J'ai réussi". Et puis parfois j'aime me laisse aller. Ne plus penser. Flotter dans un état presque inconscient. Déployer mes ailes, voler au dessus de la ville, surtout la nuit. La nuit les masques tombent.
Le monde de la nuit est sans égal.

Parfois j'aimerais me laisser à la volupté. M'abandonner, corps et âmes. Et enfin briser cette prison cérébrale. Fracasser cette voix qui murmure. Déchiqueter ce coeur qui bat. Baffer ce visage qui aboie. 

Mais je fais toujours ce que je sais le mieux faire : Ne rien faire.
Ne rien faire. Ne rien faire. Je me laisse porter par le courant. A chaque jour suffit sa peine n'est-ce pas ?